Les Petites Listes – 5 livres interminables

1. La Maladie de Sachs, de Martin Winckler. C’est ce livre qui m’a pris tant de temps à terminer, mais je l’ai vu, je l’ai lu, j’ai vaincu (et j’ai aimé, aussi).

2. Anna Karénine, de Leon Tolstoï. Alors là par contre c’est lui qui a bien failli me vaincre. J’en suis venue à bout, mais il m’a fallu de longs mois.

3. La Vie mode d’emploi, de Georges Perec. En cours (c’est à dire que je l’ai commencé il y a un bon moment mais que je n’en suis encore qu’à la page 205 sur 580). Comme c’est un livre catalogue, il me faudra peut-être une vie entière pour rencontrer tout l’immeuble raconté, mais c’est intéressant.

4. Naissance, de Yann Moix. Pas encore commencé. Je l’ai mais j’ai peur. Celui-là il me faudra clairement bien plus d’une vie pour le finir, ou alors je n’arriverai pas à m’arrêter dans ma lecture et je mourrai de faim pour avoir voulu le lire d’une traite.

5. Diplomacy, de Henry Kissinger. Petit souvenir du temps où je faisais des études d’histoire. Déjà, je le lisais en français, parce qu’en anglais faut quand même pas pousser, et pardon Henry, mais celui-là j’ai accepté l’idée que c’est bien de l’avoir en ma possession mais que je ne le terminerai jamais. Au passage, félicitations à mon amie qui l’avait lu en entier quand nous avions dû faire une fiche de lecture.

Histoires de bêtes

Belle et Bête (Marcela Iacub)

Il s’agit-là du premier livre de Marcela Iacub que je lis. J’avais entendu parler de la controverse bien avant de lire quoi que ce soit de cette auteure. Marcela Iacub est une intellectuelle connue pour traiter principalement de sexualité et des femmes dans ses ouvrages, pour faire une émission de radio aux côtés de Laurent Ruquier, et surtout pour sa relation passée avec un homme politique très influent qui aurait presque pu devenir président (non, pas François Bayrou). Belle et Bête revient sur cette relation pour le moins tumultueuse.

C’est une sorte de manifeste pour la défense des « cochons », terme utilisé par l’auteure pour qualifier cet homme avec qui elle a entretenu une longue relation. Pas sûr que ça lui ait fait super plaisir, m’enfin… Elle décrit sa relation avec lui, ses impressions, ses ressentis et ses interprétations. C’est loin d’être un récit érotique au sens où on l’entend communément. C’est presque plus un essai sur la déviance et les désirs humains, ceux qui sont inavouables et refoulés.

Est-ce que j’ai aimé ? Je ne suis pas bien sûre… Ce n’est pas forcément la lecture la plus agréable qui soit, et surtout pas ce qu’on lit pour se vider la tête avec une belle histoire. Ce n’est pas le propos non plus. Ce n’est pas tellement l’histoire de l’auteure avec cet homme qui a un intérêt, mais plutôt ses points de vue et les idées qu’elle développe au fil des pages. Certains passages sont à mi-chemin entre les descriptions de Yann Moix dans Partouz et l’histoire de Dr Jekyll et Mr Hyde (de Robert Louis Stevenson). Je vous laisse libre d’interpréter ça comme vous voulez.

La Bête qui meurt (Philip Roth)

Si pour Belle et Bête, le titre est plutôt clair, entre la référence et les différents entendements possibles, ici c’est un peu moins le cas. Je ne peux vous dire ni l’origine, ni le pourquoi du titre, vous le découvrirez en lisant, mais il semblerait que les histoires de belles et les histoires de bêtes parlent toujours de relations (Belle du seigneur, La belle et le clochard…). Cette fois-ci, elle concerne un prof de littérature à l’université / ponte du monde culturel et une de ses anciennes élèves. Au fil du temps, il a pris pour habitude de faire du repérage parmi ses étudiantes pendant l’année, sans rien laisser paraître. Une fois les cours terminés, il donne chez lui une réception, et advienne que pourra. Puis il finit un jour par tomber sur cette étudiante-là, Consuela, fille d’émigrés Cubains, qui ne ressemble pas aux autres femmes qu’il a connu jusqu’alors.

Ce n’est pas vraiment une histoire d’amour, plutôt l’histoire de deux vies qui n’ont à priori rien en commun à part un intérêt pour les arts et quelques moments passés ensemble. A travers cette histoire, on lit surtout un traité sur le désir et le corps, la vieillesse, le temps qui passe, les relations, le couple, la révolution sexuelle… C’est très intéressant à lire, mais une nouvelle fois pas de fabuleuse épopée romanesque et romantique. C’était aussi le premier livre de Philip Roth que je lisais, et ça me donne envie d’en découvrir d’autres.

Deux livres

L’Etranger (Albert Camus)

Livre intéressant et particulier dont on ne présente plus l’auteur, aussi très connu pour son ouvrage La Peste. Le style est bref et simple, avec des phrases très courtes, presque enfantines. On découvre le personnage principal, Meursault, alors qu’il vient de perdre sa mère (« aujourd’hui, maman est morte »). On en apprend ensuite un peu plus sur sa vie, très simple, et sa façon de voir les choses, très simple aussi. Le narrateur n’est ni particulièrement attachant, ni vraiment antipathique. Il mène simplement sa vie sans débauche d’émotions et sans trop se poser de questions. Tout glisse sur lui. Puis arrive le drame dans cette existence modeste, et on accompagne Meursault à travers lui. Ça fait réfléchir, on a envie de le défendre puisqu’on a l’impression de le connaître, avant de se rendre compte que finalement pas tant que ça. Ce livre montre comment le plus insignifiant, le plus transparent, le plus inoffensif peut soudain prendre une dimension énorme inimaginable dix pages plus tôt. Intéressant à lire, ça fait réfléchir.

 

Partouz (Yann Moix)

J’avais déjà lu Anissa Corto du même auteur, et je dois dire que j’avais préféré. Partouz parle, si on schématise rapidement, du 11 septembre 2001TM, du terroriste qui était dans l’avion et de son non-amour de jeunesse (ou son amour unilatéral de jeunesse), et du narrateur qui découvre une boîte échangiste. Ce dernier est écrivain, un peu dérangé et s’appelle Jean-Baptiste Cousseau, alias Couscous (comme dans Podium, film sur le sosie de Claude François, réalisé par Yann Moix). Il profite donc de cette partouze pour rembobiner son expérience avec les femmes, qu’elles soient tangibles ou fantasmées (et plutôt fantasmées que tangibles). Tout transpire quelque chose d’un peu malsain, jusque dans le vocabulaire très cru choisi, répété et martelé par l’auteur. Il y a aussi énormément de réflexions affreuses sur les femmes exposées dans ce livre, et même si c’est un roman, une histoire, ça reste extrêmement désagréable à lire. Malgré tous ces aspects très dérangeants, Yann Moix écrit toujours comme Yann Moix et il a toujours un traitement des sujets évoqués très intéressant. En bref, j’adore toujours les réflexions et détournements de l’auteur, qui présente les choses à travers un prisme nouveau et passionnant chaque fois, mais ni le thème, ni la façon de le traiter, ni l’écriture volontairement très vulgaire ne sont trop faits pour moi. Je n’irais pas jusqu’à déconseiller ce livre, il est quand même intéressant, mais je ne le conseille pas non plus particulièrement.

Dernières lectures

Le Roi se meurt (Eugène Ionesco)

Pièce de théâtre qu’on est beaucoup à avoir étudiée au lycée et dont c’est à peu près tout ce que ça nous évoque, avec La Cantatrice chauve. A relire ! Eugène Ionesco est un grand maître de l’absurde, et c’est vraiment intéressant à lire si on aime quand c’est un peu fou. Encore plus intéressant à voir d’ailleurs, et je recommande la captation de la pièce mise en scène en 2004 par Georges Werler, avec Michel Bouquet dans le rôle du roi Béranger.

Anissa Corto (Yann Moix)

Un écrivain obsessionnel qui écrit sur un personnage obsessionnel et sur l’histoire d’une obsession. Tout pout me plaire. D’autant que l’idée de découvrir enfin ce qu’écrit le chroniqueur du samedi soir me trottinait dans la tête. J’ai beaucoup aimé ce troisième livre de Yann Moix, que je trouve joli et intelligent. Je comprends pourquoi certains peuvent trouver le style pompeux, mais personnellement ça ne m’a pas gênée et j’aime beaucoup ce genre d’écriture, qui soulève des réflexions et présente des façons différentes de voir le monde.

Et on tuera tous les affreux (Boris Vian)

Si la seule référence de Boris Vian que vous avez est L’Ecume des jours, oubliez-tout, ça n’a absolument rien à voir. Ça commence comme une histoire d’enquête, et plus ça avance, plus c’est loufoque (avec une apothéose finale, évidemment). Ce n’est pas exceptionnel mais c’est drôle. Un croisement d’Hercule Poirot et du film Double zéro (Gérard Pirès), dans l’esprit de Kingsman : Services Secrets (Matthew Vaughn). On découvre une autre facette de l’écriture de Boris Vian, qui a d’ailleurs publié cette histoire sous forme de feuilleton dans le journal France-Dimanche (en 1948) et sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Un feuilleton policier et humoristique qui se lit vite et sans prise de tête.

L’Etrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde (Robert Louis Stevenson)

Histoire bien connue du Dr Jekyll, cousin éloigné du Dr Frankenstein, qui s’amuse à faire de petites expériences tout seul dans son cabinet, jusqu’au moment où « Oh merde, ça a marché ! ». Que dire d’autre, tout le monde connaît l’histoire. C’est tout de même intéressant à lire, et plutôt court en prime.