Nicolas Bedos

Dans la dynastie Bedos, je voudrais le fils. Le célèbre Nicolas, fils du encore plus célèbre Guy Bedos, qui fait tellement de choses diverses qu’on ne sait même plus vraiment ce qu’il fait, mais qu’on voit tout le temps à la télé quand même. Né en 1980, Nicolas Bedos commence avec le théâtre, à la fois auteur, metteur en scène et parfois comédien. Il a par exemple écrit  les pièces Sortie de scène ou Promenade de santé. On le retrouve aussi au cinéma en tant qu’acteur (L’Amour dure trois ans, Amour et turbulence, L’Art de la fugue…) ou dans les boîtes parisiennes en compagnie de Frédéric Beigbeder, son ami / ex-ami / meilleur ennemi / re-un-peu-pote-mais fais-gaffe-quand-même (vous pouvez vous documenter sur Closer.fr). A part ça, Nicolas Bedos est aussi réputé pour être un homme à femmes (ce qui ne paye la plupart du temps pas le loyer) et un chroniqueur. On l’a régulièrement vu à la télé sur le plateau de Laurent Ruquier ou de Franz Olivier Giesbert mettre en scène son personnage de beau gosse mondain, un peu bobo et un peu tête à claque sur un thème d’actualité.

Journal d’un mythomane volume 1 & 2

Puisqu’il écrit apparemment lui-même son baratin et qu’on lui reconnaît un vrai style Bedos, on lui a finalement demandé d’en faire un livre. Puis deux. Journal d’un mythomane est une compilation des chroniques qu’il a faites à la télévision, chez Giesbert, ou à la radio. Le style est donc assez oral, puisqu’il a été écrit pour ça, et on a l’impression d’entendre Nicolas Bedos nous parler, avec sa diction si reconnaissable. C’est brillant, même si volontairement vulgaire et ignoble, on ne peut que concéder que c’est brillant. Mais rapidement indigeste aussi… Ça ne se lit pas comme un roman, il ne faut pas oublier que ces chroniques télévisuelles ou radiophoniques étaient chaque fois espacées d’une semaine. C’est plutôt le genre de livre qu’il faut picorer de temps en temps et ne pas lire d’une traite sous peine de devenir fou et de se retrouver avec un cerveau qui imite la voix de Nicolas Bedos pour toujours. On ne souhaite ça à personne.

Dans sa chronique, tous les vendredis, Nicolas Bedos raconte sa semaine mythomane. En règle générale, il se base sur un thème d’actualité ou un invité de l’émission et se tricote une existence autour. Il y a beaucoup de politique, beaucoup de femmes aimées et trompées et larguées, beaucoup d’alcool et beaucoup de Lexomil aussi. Beau gosse mondain, bobo, tête à claque, homme à femmes, chroniqueur ET névropathe certifié.

C’est intéressant, puisque les deux livres retracent les années 2010 à 2012, semaine après semaine. On se souvient de l’actualité brulante du moment et Nicolas Bedos réussit le pari risqué de donner son avis dans ce qui ressemble plus à une œuvre littéraire qu’un billet d’humeur. Il en rajoute, l’air de vouloir être détesté mais d’au moins savoir pourquoi, pour l’avoir cherché lui-même. Il n’empêche que c’est très bien écrit. Dans le premier tome, on trouve d’ailleurs à la fin des nouvelles rédigées par l’auteur, et c’est vraiment bon.

Voir article.

Monsieur & Madame Adelman 

Après le théâtre et après s’être essayé doucement au cinéma en tant qu’acteur, Nicolas Bedos sort cette année son premier film en tant que réalisateur. Et c’est un chef-d’œuvre ! C’est l’histoire peu banale d’un couple peu banal (pour ne pas dire carrément déjanté) qu’il incarne à l’écran avec Doria Tillier, ex miss météo à Canal + et sa compagne dans la vie, à l’époque du film du moins.

C’est d’abord l’histoire de Victor, jeune homme un peu paumé qui tente de devenir écrivain, sans grand talent ni succès. Puis il rencontre Sarah, un soir, et aussitôt elle sait que ce sera lui. Il est un peu moins convaincu au début. On pourrait résumer ce qu’il pense par un extrait de chronique qu’on retrouve dans le Journal d’un mythomane volume II :

« Une rencontre assez forte pour que je cesse de mâchouiller le souvenir de Pom [son ex, dont il parle beaucoup dans ses chroniques de l’époque]. Enfin une digne successeuse : de l’esprit dans sa beauté, de la beauté dans sa folie. Seulement, si nos corps se comprennent, nos rêves de vie s’engueulent déjà. Hier, elle a traumatisé la déco de mon salon, a continué à me parler pendant que je peinais à composer ces lignes, a jeté mes cartouches de tabac, a évoqué l’achat d’un chat, puis d’un chien d’une marque que je n’aime pas, avant de me réveiller à l’aube pour un vulgaire caprice d’amour. »

Mais c’est elle qui a raison, finalement. C’est donc l’histoire de leur histoire, de la rencontre à la mort, en passant par toutes les étapes de la vie qu’ils franchissent de manière encore moins que non conventionnelle. C’est vraiment bien, le film est rythmé, drôle, émouvant, surprenant et inspirant aussi. On a peine à croire que c’est un premier essai pour Bedos, et je pense que c’est aujourd’hui l’un de mes films préférés, c’est dire !


 

A voir aussi : L’amour dure trois ans (acteur), Les Infidèles (scénariste), Populaire (acteur), Amour & turbulences (acteur et dialogues), L’art de la fugue (acteur), Encore heureux (co-scénariste), L’Invitation (acteur, dialogues et adaptation).

A lire aussi : La tête ailleurs (ed. robert Laffont, 2013).